Philosophie de boudoir

Doit-on brûler les classiques ?

Mon titre est volontairement provocateur évidemment. 😉 J’adore les classiques et l’idée de brûler des livres – quels qu’ils soient – m’est intolérable. Néanmoins, je voulais attirer l’attention sur ces lectures obligatoires d’ouvrages qu’on inflige aux élèves, de la 6e à la terminale. Je trouve dommage de forcer les jeunes à lire des livres qui ne les intéressent pas, au prétexte de leur enseigner la langue française. C’est à mon sens totalement contre-productif. Non seulement, ça dégoûte les adolescents des livres et de la lecture – ce qui est triste -, mais ça rend ces livres rebutants et indésirables alors que les jeunes auraient pu les apprécier dans d’autres circonstances…

J’ai eu la chance de tomber dans le bain de la lecture très tôt et d’avoir toujours aimé lire. Ce qui fait que je n’ai jamais été allergique aux livres. De plus, j’étais bonne élève, donc me farcir la bibliographie conseillée par les profs n’était pas vraiment un problème. Mais c’était une autre époque, sans Netflix, sans réseaux sociaux, sans téléphone portable (c’est là qu’on comprend que j’ai connu la préhistoire et que je suis moins jeune que je ne le parais haha^^). Tout n’allait pas aussi vite, il n’y avait pas autant de distractions ni de sollicitations.

J’ai donc pu lire et apprécier Stendhal, Maupassant, Hugo, Balzac, Rimbaud et d’autres. Par contre, rien à faire, j’ai détesté Zola^^ (sauf le très chouette Au bonheur des dames). Étudier Baudelaire pour le bac de français a douché mon enthousiasme pour ce poète et cette œuvre extraordinaire que sont Les fleurs du mal… Il a fallu que j’atteigne la vingtaine pour apprécier Flaubert à sa juste valeur, de même que Racine, Corneille… A côté de ça, j’avais dévoré les romans des sœurs Brontë, de George Sand, Louisa May Alcott, Bram Stoker, des livres qui ne m’avaient pas été imposés.

Mais je ne pense pas être représentative et force est de reconnaître que ces livres parlent de moins en moins aux jeunes. Ils sont souvent trop éloignés de leurs problèmes, de leurs préoccupations… Et le niveau de langue n’est plus adapté au monde moderne. Je lisais récemment un épisode du Club des Cinq à mes petits garçons, que j’avais lu moi-même il y a quelques décennies, et j’ai été frappée de voir à quel point le registre était soutenu ! A croire que le niveau de langue « baisse », change ou se modernise avec le temps…

Alors, pourquoi l’Éducation nationale s’évertue-t-elle à mettre ces œuvres au programme ? La saga Harry Potter a passionné des millions d’enfants et leur a redonné le goût de la lecture, pourquoi n’étudie-t-on pas plutôt ce genre de livres en classe ? Par mépris de l’élite intellectuelle pour la littérature populaire ?

Je comprends la volonté de sauvegarder et perpétuer le patrimoine culturel de la France, mais il existe d’autres manières de faire découvrir les classiques aux jeunes, qui éviteront un rejet massif : les films, la BD, les mangas, ou encore les livres audio. Par exemple, j’étais fan des aventures du Petit Nicolas quand j’étais à l’école. Mes enfants au même âge n’ont pas souhaité lire les livres, mais ils ont adoré écouter avec moi les audiobooks correspondants. Ils ont beaucoup ri. Je les ai fait aimer l’œuvre de Goscinny autrement que par l’écrit.

Moi-même, c’est grâce à l’adaptation cinématographique par Tom Hooper en 2012 que j’ai redécouvert et compris le génie des Misérables de Victor Hugo… C’est grâce à une série télé de la BBC (avec le beau Eddie Redmayne^^) que j’ai connu le magnifique classique de Thomas Hardy, Tess d’Urberville. Et je pourrais multiplier les exemples.

Bref, et si on arrêtait de détruire la magie des classiques en les étudiant à l’école ? Et s’il y avait d’autres moyens de les connaître ? D’autres âges pour les appréhender ? Et si on dépoussiérait les bibliographies des cours de français en y incluant des livres contemporains qui plaisent vraiment ? Shocking ?

Le gouvernement a décrété que la lecture était une cause nationale. Parfait, alors peut-être serait-il temps de se pencher sur les goûts des élèves et de les prendre en compte. 😉

J’ai le sentiment que ceux qui disent ne pas aimer lire n’ont tout simplement pas trouvé LE livre qui les fera changer d’avis. Une de mes jeunes lectrices m’avait d’ailleurs écrit pour me dire qu’un de mes romans lui avait donné le goût de la lecture, et du coup, elle l’avait lu deux fois. 🙂

 

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